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Piquant ! Combien faut-il de pointes pour les collectionneurs d'humanité? A moins que le but soit tout autre ? Pourrait-il s'agir d'ensorcellement ? En tout cas ce travail invoque bien des pensées et c'est tant mieux !

Eric Scarfone

 

SAPIENS

 

Voici notre espèce humaine explorée à travers une série de boites. Suivant une démarche similaire à celle de l’entomologiste qui collectionne et classifie les spécimens, l’artiste immortalise les individus au travers de ses clichés photographiques et vient les rassembler en les piquant dans ses boites. A la différence que, pour LOrka, c’est dans l’épingle que se trouve la vie ; c’est à travers elle que l’essentiel de la pulsation vitale leur est rendue.

La subjectivité de son regard envers autrui est associée, dans son acte photographique, à un certain rapport du corps à la société. Le point de vue adopté est celui où les individus sont pris de dos, de loin, dans le mouvement figé de l’action menée. La nature de cette dernière ? La marche, ou le mode de déplacement primaire de notre espèce. Comme capturés à l’insu des individus, et par la suite découpés et assemblés, ces portraits anonymes passent du particulier à l’impersonnel et, ainsi sortis de leur contexte, ils recomposent autant de foules en marche dont les épingles dictent à chaque reprise le mouvement.

Par l’observation et le traitement subis, chaque portrait participe à l’uniformisation des corps et à la formation de l’unicité sociale. De fils en aiguilles, chacun-e ressuscité-e et tous devenus « corps social » nos attitudes collectives sont en quelque sorte essentialisées. Dans la série Sapiens, il est bien question d’observer le mouvement des foules, et par là même les intentions et comportements du collectif qui, repensés à titre individuel, tendent parfois malgré tout à nous échapper.

Aline Thibaut

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